L'UN EST DIVIN, L'AUTRE PAS

La belle Léda, la femme du roi Tyndare de Sparte, est remarquée par Zeus qui la poursuit de ses assiduités. Pour lui échapper, elle se transforme en oie mais aussitôt Zeus se métamorphose en cygne et s’accouple avec elle.

 

Un cygne blanc immaculé, symbole de la lumière masculine, solaire et fécondatrice qui s’unit à une oie, l’aspect féminin et lunaire de la lumière... Hamsa, mot qui en sanskrit veut dire le cygne mais également le Soi, l’Esprit universel s’unit à l’oie-Léda qui tout comme l’oie sacrée du Nil couve l’œuf du monde… Voilà qui nous signale un contenu important à venir.

Quelques mois plus tard la belle pond deux œufs, un œuf divin d’où naît Pollux et Hélène, les enfants de Zeus, et un œuf mortel, les enfants de Tyndare, qui contient Castor et Clytemnestre.

 

Des deux garçons, nés chacun de père différent et dans un œuf différent, coiffés à leur naissance d’une moitié de coquille, l’un est divin, l’autre pas, mais ils se reconnaîtront frères, jumeaux, fidèles, inséparables. On les appellera les Dioscures.

 

De l’Inde à l’Amérique du sud, en passant par l’Irlande, la Sicile ou l’Afrique, les traditions fourmillent de dieux jumeaux, jeunes, beaux, intrépides, sauveurs. Pour les Celtes, les êtres de l’autre monde pénétrant toujours deux par deux dans le nôtre prennent la forme de cygnes reliés par une chainette en or. Le cygne marque encore ici la gémellité…

Il y a plusieurs versions du mythe dont une veut que les garçons soient tous deux enfants de Zeus mais il me semble plus intéressant d’approfondir celle où la gémellité est en opposition, plus riche de sens ; L’harmonie des deux jumeaux représentant la phase finale du travail d’unification intérieure, il serait dommage de perdre le mode d’emploi.

 

Deux jumeaux donc, qui épousent parfaitement la dualité des tendances opposées dans l’homme : la matière et l’esprit, l’ombre et la lumière, le terrestre et le céleste. On les représente vêtus d’une tunique blanche et d’un manteau de pourpre. Là encore le symbolisme des couleurs renforce la signification des opposés qu’ils expriment : le rouge, la matière et le blanc l’esprit.

 

Plus encore ils traduisent la présence de la divinité en nous – à part égale en principe avec notre humanité. Mais ce n’est souvent pas le cas, la part divine, intuitive, lumineuse, aux compétences infinies a du mal à se faire entendre. Elle reste souvent cachée derrière la part humaine.

La présence, l’intégration de l’Archétype des Dioscures en soi amène cet équilibre.

Les jumeaux guerriers voire bagarreurs prirent part à l’expédition de Jason et des Argonautes ainsi qu'à diverses quêtes et combats au cours desquelles Castor mourut.  Il descendit, comme tout grec, bon ou mauvais, dans l’Hadès (le monde des morts dans la mythologie grecque) tandis que Zeus venait chercher son fils Pollux pour l’emmener sur l’Olympe.

 

Mais Pollux ne l’entendait pas ainsi : il implora son père et obtint de rester avec Castor 6 mois aux enfers et 6 mois sur terre ou sur l’Olympe, unit à jamais dans la souffrance ou la béatitude.

 

C’est là que les Dioscures nous délivrent un message : la matière et l’esprit n’ont pas à être séparés, ils ont vocation à s’équilibrer dans l’homme quel que soit le niveau vibratoire dans lequel il se trouve. Ni l’un ni l’autre n’est supérieur. La fidélité et la compassion sont les sentiments qui les lient.

 

Finalement, devant la résolution inébranlable de Pollux et Castor, ils seront transportés tous deux au ciel et deviendront la constellation des Gémeaux. Transportés au ciel, c’est-à-dire divinisés, tous deux, corps et esprit, humain et divin, ascensionnés avec leur corps, devenant tous deux Fils de Dieu à part entière, ce qui est d’ailleurs le sens du mot « Dioscures »...

Quant à Hélène, née du même œuf que Pollux, c’est « la belle Hélène », la plus belle femme du monde de son temps et pour qui la guerre de Troie a été déclenchée.

 

Aspect féminin de l’Enfant divin, elle s’est  égarée dans un monde idéal, avec un amant de rêve, Parîs, fils du roi de Troie, protégée derrière de haut murs… Il faudra toutes les énergies masculines disponibles (les meilleurs guerriers grecs) et l’aide du Cheval de Troie, un objet mythologique auxiliaire, pour la sortir de son rêve et l’amener à prendre sa place de reine… mais c’est une autre histoire.

Florence Fabrègue

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